L’Heure de la sortie – un film de Sébastien Marnier
Pour ce second film, Sébastien Marnier signe une création singulière porteuse d’un message fort. L’heure de la sortie, adaptée du roman de Christophe Dufossé (2002), est l’histoire prenante d’une rencontre entre un professeur de français remplaçant et une classe d’élèves désarçonnants.
Une rencontre explosive
Pierre Hoffman (Laurent Lafitte) est professeur de français suppléant. C’est au prestigieux collège de Saint-Joseph qu’il intervient, à la suite du suicide d’un professeur s’étant défenestré en plein cours. Il rencontre alors les élèves surdoués de la 3ème 1, classe pilote.
Comment enseigner à des élèves d’une telle maturité ? Comment communiquer avec le monde adolescent si opaque ? Comment expliquer leur attitude fermée et pessimiste ? Face à l’hostilité diffuse et la violence sourde qui émane d’un petit groupe, le professeur inquiet cherche à comprendre leur comportement. Quel est le secret qui soude à ce point ce groupe de jeunes élèves ? Comment se fait-il qu’ils aient perdu tout espoir en l’avenir ?
Immersion dans un univers haletant
Sébastien Marnier s’affranchit des genres avec un film qui mêle peur, trouble et fantastique. Le film refuse de trancher et garde le spectateur en alerte jusqu’au dénouement grâce à une narration soutenue et guidée par la bande originale créée par le groupe Zombie Zombie (Étienne Jaumet, Cosmic Neman, Jérome Lorichon), pour sa seconde collaboration avec Sébastien Marnier. À mi-chemin entre les ambiances musicales si spécifiques de John Carpenter et la modernité de Stranger Things, Zombie Zombie ponctue l’image avec son synthé rétro et crée une matière sonore invasive et anxiogène.
Une histoire porteuse d’un message fort
Ce qui fait la force de L’Heure de la sortie, c’est son message social, politique, environnemental. En adaptant le roman de Christophe Dufossé, Sébastien Marnier a dû s’adapter aux inquiétudes nouvelles et contemporaines pour reproduire dans le microcosme de la salle de classe, les enjeux actuels les plus alarmants. Il s’agit de la confrontation entre un monde illusoirement lisse ou bien portant et une jeunesse désabusée. Comment peut-on croire en un avenir meilleur lorsque l’on constate la violence et l’absurdité de nos sociétés ? Face à cette jeunesse bien trop consciente du monde dans lequel elle vit, ne s’oppose qu’un corps enseignant (un corps politique) indifférent et aveugle qui assimile cette colère montante anormale aux effets de l’adolescence.
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Orianne JOUY
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